Le château royal de Cazeneuve

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Le Château Royal de Cazeneuve du XIIIème et XVIIème siècles et son magnifique parc arboré d’essences rares et tricentenaires sont classés Monuments Historiques et Natura 2000.

Le Château de Cazeneuve est situé à proximité de Bordeaux entre la forêt des landes et l’océan, le long des célèbres Gorges du Ciron.

Dans la cour basse du château, se trouvent les caves médiévales où vieillissent les plus prestigieux vins de Bordeaux et les grottes troglodytes.

Le château primitif est l’ancienne résidence des Rois de Navarre, propriété du Roi Henri IV. Il a été construit par Amanieu VII d’Albret sur un banc rocheux. Il englobait dans son enceinte la motte médiévale du XIe siècle précédée d’une vaste cour dont les murailles protégeaient le bourg.

Au XVIe siècle, l’édifice subit un important remaniement. Le château médiéval se transforme alors en château de plaisance et d’apparat. En 1583, Henri IV assigna à résidence dans Cazeneuve son épouse, la Reine Margot, lors de leur séparation et en attente de l’annulation de leur mariage.

Le Château épouse la forme d’un polygone irrégulier, construit en surplomb des gorges du Ciron, entouré de douves, défendu par deux tours et enserre dans ses murs une grande cour d’honneur.

D’illustres monarques ont aussi fréquenté ce château :

– Edouard Ier d’Angleterre accompagnée de son épouse Aliénor de Castille en 1287

– Louis XIII alors qu’il se rendait à Pau pour y signer l’Edit d’Annexion en 1620

– Louis XIV en allant se marier avec l’Infante d’Espagne, Marie Thérèse à Saint Jean de Luz

Le Château de Cazeneuve est toujours habité par la même famille Ducale des Sabran-Pontevès.

Le grand parc arboré de 40 hectares et ses exceptionnels jardins dessinés à l’anglaise au milieu du XIXème siècle, aux arbres centenaires vous mènera sur les traces de la reine Margot le long des célèbres gorges du Ciron jusqu’à sa fameuse grotte.

La promenade longe les vestiges des fortifications de la vieille ville, la motte médiévale au confluent des deux rivières et emprunte les allées cavalières vers la fontaine, la palombière et jusqu’à l’étang avec son île aux oiseaux, la cascade, le vieux moulin, le lavoir et la bambouseraie géante.

LA VILLE D’HIVER de Dominique Bona

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Consciente d’être parvenue à un tournant de sa vie, Sarah a trouvé refuge dans une villa de la Belle Époque, sur les hauteurs d’Arcachon. La maison, à la chaleur de serre, la fascine. Entourée d’un paysage délavé de gris, Sarah se prend à rêver des passions et des fièvres dont la ville a été jadis le théâtre. Quel mystère hante la villa Teresa ? Un poète italien du siècle dernier, une Russe à la beauté inquiétante, un bibliophile expert en curiosa érotiques, une adolescente anorexique vont danser autour d’elle une ronde perverse. Du présent où l’attend un nouvel amour ou du passé si puissant, lequel va triompher ?

Voici une lubie que je n’ai toujours pas réalisée , dormir un soir dans la ville d’hiver à Arcachon, ce lieu ayant toujours été source d’attraction, d’aspiration aux rêveries d’une vie d’antan. Avec ce roman, nous voilà plongés dans les amours romanesques du poète Gabriele d’Annunzio, qui s’installa au Moulleau, pour échapper à la passion dévorante de la sublime Goloubeff. Incandescente amoureuse , dont les seins sublimes furent sculptés par Rodin, et qui escalade les grilles de la villa pour exhorter Gabriel à la rejoindre, jetant la stupeur et la colère dans le quartier chaste de l’époque. Quel plaisir de voguer entre ses personnages, Romaine Brooks, l’amante américaine au corps de garçon, le poète d’Annunzio ,volubile dans l’amour, Natalia la sensuelle comtesse russe qui finit ruinée dans les rues parisiennes, Teresa la sublime tuberculeuse et son amoureux éploré Horus. Faire revivre la Belle Époque d’Arcachon, voilà le talent de ce roman. Amis bordelais ou amoureux du bassin d’Arcachon, laissez vous tenter par la magie des lieux !

LA TÊTE DANS LE CARTON À CHAPEAUX de Mark Childress

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Elle a du caractère la tante Lucille ! Et quand elle veut quelque chose, rien ne l’arrête. Ce qu’elle veut c’est devenir actrice. Malgré ses six enfants et Chester, son plouc de mari qui n’arrête pas de se moquer d’elle et de l’humilier.

Un beau jour, elle tue son mari, abandonne ses enfants et fonce vers Hollywood au volant de sa Ford, avec sur le siège arrière, la tête de Chester découpée au couteau électrique.

Une histoire hilarante qui a inspiré le film d’Antonio Banderas.

L’auteur nous embarque dans une histoire pleine de suspense et d’humour avec des personnages très décalés et une peinture très drôle de la société américaine. C’est également et surtout un road trip à travers les États-Unis avec en toile de fond, la lutte de la communauté noire pour ses droits civiques à cette époque. J’ai lu ce roman avec amusement et j’ai passé un agréable moment. A lire de toute urgence…

Détours en Gironde – Pondaurat

La situation géographique de Pondaurat explique la grande richesse de son patrimoine bâti. Aussi, une simple promenade dans le village constitue à elle seule un cours d’histoire médiévale pour le visiteur.

Pondaurat est établie le long de la Bassanne, affluent de la rive gauche de la Garonne. Elle est une halte importante sur la grande route nord-sud qui, depuis Aubeterre, Castillon La Bataille, La Réole, Bazas, Captieux, permet de gagner les Pyrénées. Cette route est organisée dès le XIIe siècle par l’ordre des religieux antonins, qui y entretiennent des hôpitaux. Les antonins sont réputés pour leur médication contre le « mal des ardents » provoqué par l’ergot du seigle. Le monastère était une étape du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, sur le chemin dit Via Lemovicensis, entre Puybarban et Savignac (une partie du chemin entre Vézelay et Ronceveaux).

Le patrimoine du village est remarquable par son ancienneté et sa diversité : église romane, commanderie hospitalière, pont-digue médiéval, cinq moulins au fil de l’eau, maisons anciennes d’époques variées.

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À la fin du XIIIe siècle, une commanderie est fondée par les moines de l’ordre de Saint Antoine, sur la voie limousine du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette commanderie fortifiée comportant une église conventuelle et un moulin, est située à proximité du pont péager qui franchit la Bassanne. L’ensemble devient, par la suite, propriété de l’ordre de Malte. À la Révolution, la commanderie et le moulin sont vendus comme biens nationaux, l’église restant propriété de l’état et donc de la commune.

Le couvent des antonins de Pondaurat est bien entendu doté dès sa construction d’une église, naturellement placée sous le vocable de saint Antoine. L’édifice a traversé les siècles sans trop de dommages. L’église est bâtie en bel appareil, avec de très régulières voûtes sur croisée d’ogives. Son plan d’origine en croix grecque (quatre branches de longueur égale) est modifié par l’adjonction d’une travée à l’ouest, formant un espace réservé à l’accueil des pèlerins. L’histoire de l’église est inscrite sur les clefs de voûte : l’une présente le tau, qui est l’emblème des antonins, une autre montre une croix de Malte car, en 1776, l’ordre de Malte a repris la commanderie en y entretenant une pharmacie rurale réputée. Elle conserve une statue en bois de Vierge à l’enfant, du XVIIe siècle. Cette statue est située à la croisée du transept nord, en position debout, elle tient l’Enfant sur son bras gauche. Sculptée en bois, elle est couverte d’une polychromie étonnante, où dominent l’or de son manteau, de la tunique de l’enfant et le gris argent de sa robe. Cette polychromie est probablement refaite au XIXe siècle, en même temps que les parois peintes de l’église sont redécorées.

Le couvent des antonins de Pondaurat a un rôle hospitalier. Le nombre de pèlerins de passage exige dès sa création, l’installation d’un moulin sur la Bassanne. Le moulin est construit à la fin du XIIIe siècle pour satisfaire à cette exigence de nourriture. Pour éviter le pillage de la farine, convoitée par les « picoureurs », le moulin est doté lors de sa construction d’un système défensif, encore visible notamment par les archères. Une intense activité minotière est constatée dès cette époque, et durant tout l’Ancien Régime. Plusieurs fois remanié, le moulin est actif jusqu’en 1940.Le barrage destiné à canaliser l’eau du cours d’eau est constitué par le pont-digue de 13 mètres de long, construit à la même époque que le moulin.Une petite ville d’artisans apparaît, avec fours de boulangers, bouchers, auberge et ce vieux bourg est fortifié pour être protégé des pillards.

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LE JARDIN FORTERESSE de Claude Pujade-Renaud

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En 400 avant Jésus-Christ, les trois filles du tyran Denys de Syracuse s’épanouissent dans un jardin luxuriant, bordé de remparts qui, à leur adolescence, vont dissimuler une réclusion incestueuse.

Elles sont trois petites filles du plus haut lignage, issues des deux mariages du tyran Denys de Syracuse. Leur vie quotidienne est rythmée par les récits et par les jeux, par l’apprentissage des mythes et de la musique, par l’admiration pour leur père et par la lointaine rumeur du monde des hommes qui parfois monte, troublante, enivrante, d’au-delà des remparts, portée par le vent de la mer. Car ce jardin d’Éden dans lequel elles grandissent est cerné de murailles, dressées sans doute pour leur protection, leur quiétude ou… Leur réclusion ?

Peu à peu, en effet, la belle ordonnance du jardin est brisée et les lois de l’inceste métamorphosent en tragédie cette chronique familiale.

Ce roman m’a permis de découvrir un auteur, Claude Pujade-Renaud, que je ne connaissais que de nom et dont j’ai beaucoup aimé la plume élégante et très évocatrice qui m’a tout de suite transporté à Syracuse, dans ce jardin merveilleux qui sert de cocon aux trois filles du tyran Denys. L’intrigue est digne des plus sombres tragédies grecques avec son lot de drames familiaux, d’aventures amoureuses, de morts violentes, de complots politiques et d’affrontements idéologiques. Guerre, suicide, meurtre, inceste, viol… On n’échappe à rien des pires atrocités que peut commettre l’homme et pourtant le texte reste étonnamment empreint de sérénité et de sensualité.

C’est également le destin de trois femmes, trois soeurs… Depuis leur enfance surprotégée dans le palais de leur père jusqu’aux années de maturité où elles ne peuvent plus compter sur personne, pas même sur leurs mères et encore moins sur leur père qui les offre en récompense à ses plus fidèles soutiens, son fils et ses frères, pour devenir leurs épouses.

Le texte est ponctué de récits tirés de la mythologie grecque qui apparaissent comme autant d’avertissements pour les trois jeunes filles qui devront affronter un destin que l’on sent marqué par la fatalité dès les premières pages du roman. Enfin, le lecteur croise au fil des pages des philosophes (Platon, Aristippe de Cyrène, Dion de Syracuse…). Illustration parfaite du fossé qui sépare l’idéalisme politique des penseurs et le despotisme caractérisant les dirigeants dès qu’ils s’emparent du pouvoir.

Détours en Gironde – Rions

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Rions passe pour être l’une des plus anciennes villes d’Aquitaine. La proximité du fleuve, les nombreuses sources et la configuration du site facilitent une occupation des lieux depuis des temps immémoriaux. Des tessons de céramiques datant du Premier Âge du Fer, trouvés sous le lieu d’implantation de l’église atteste d’une occupation protohistorique du site.

À l’époque romaine, de luxueuses villas tournées vers le fleuve occupent les premiers coteaux de Garonne. Rions est alors connue sous le nom d’Aquita et vraisemblablement élevée au rang de capitale. De la villa Ryuncium (signifiant « bâti sur le roc ») naissent le castrum et autour du château, les premières fortifications.

Plus tard, les Seguin, héritiers du Comte Seguin, lieutenant de Charles le Chauve et seigneurs de Rions, fidèles aux souverains capétiens lui offrent un rôle important. Les remparts de la ville sont achevés en 1253. Foires, commerces, magnifiques jardins contribuent à sa renommée.

Rions devient contrée anglo-gasconne après le mariage en seconde noces d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri de Plantagenêt. Après trente années de prospérité, grâce notamment au fleuve permettant des échanges commerciaux florissants avec Bordeaux, la ville est conquise en 1285, rasée et ses remparts démantelés suite à la bataille avec Charles de Valois, frère de Philipe Le Bel. Dès le début du XIVème siècle, Rions relève ses défenses avec l’autorisation du roi d’Angleterre. Suite à la bataille de Castillon, en 1453, la cité redevient française après trois siècles d’appartenance anglaise. L’activité portuaire et fluviale est stimulée avec le commerce du vin, des pastels et de la pierre par les différents seigneurs depuis la famille d’Albret jusqu’au XVIIème siècle, puis jusqu’à la révolution française avec notamment la famille Sallegourde.

Au XIXème siècle, les moyens de transport modernes et l’envasement progressif du bras de Garonne ralentissent l’activité économique de la cité. Dès 1862, l’archéologue Léo Drouyn et le rapport du Marquis de Castelnau permettent le classement de l’enceinte fortifiée au titre des Monuments Historiques sans pouvoir éviter les destructions volontaires comme celle de la porte de Lavidon ou de la Tour de Ségur. C’est ainsi que dès le milieu du XIXème, des travaux d’alignement ont déjà beaucoup modifié la physionomie du Rions médiéval.

L’enceinte au tracé régulier semble avoir fermé la ville tant au sud-ouest, où un escarpement naturel la défend naturellement, que sur les deux autres faces où deux fossés parallèles la complètent. Un chemin occupe maintenant le sommet de la braie qui séparait les fossés et que l’on appelait autrefois la « chaussée ». Les courtines étaient irrégulièrement scandées de tours et des portes fortifiées défendaient les entrées. C’est ainsi qu’en arrivant à Rions et en suivant le parcours, le visiteur découvre :

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TIMEPORT CHRONOGARE 2044 de Kévin Bokeili

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En 2044, le voyage dans le temps et le tourisme à travers l’Histoire connaissent un extraordinaire essor… Pour déjouer tout complot qui risquerait d’altérer le cours de l’Histoire, le THIB, l’agence fédérale chargée de la sécurité historique, fait confiance à une étonnante famille, les O’Hara Brinkstone, qui accomplit avec brio toutes les missions qui lui sont confiées.

D.D. Barmigton réussit à convaincre Patrick, son fils adoptif, historien et fervent opposant à la démocratisation des voyages dans le temps, à entreprendre un périlleux voyage vers l’an 2005. Mieux encore, le chef suprême du THIB réussit à enrôler Jessy, épouse de Patrick et pilote de capsule de voyages dans le temps, pour seconder son mari dans l’enquête qu’il doit mener dans ce passé où les recherches, devant permettre à la science d’éradiquer les maladies virales quelques années plus tard, avaient disparu.

Pour passer inaperçu, le couple embarque ses trois enfants dans ce lointain passé où, adolescente et fashion maniaque, Mary, l’aînée, voit d’un mauvais œil les habits largement passés de mode qu’elle se voit forcée de porter. John, son frère cadet, habitué à enfourcher des mobylettes volantes allant à plus de 600 km/h est tout aussi peu enthousiaste à débarquer dans ces contrées reculées où les véhicules les plus rapides atteignaient péniblement la moitié de cette vitesse. Inka, la petite dernière, quoique les antiques ordinateurs de cette année étaient moins performants qu’une machine à coudre dans son époque d’origine, s’y habitue rapidement et ne tarde pas à trouver la première piste d’une bien étrange enquête.

Premier roman de science-fiction d’une longue série, Timeport se lit très facilement. À conseiller aux grands enfants ou aux adolescents. Les personnages sont attachants. L’intrigue est bien ficelée !

 

L’ENFANT DE BRUGES de Gilbert Sinoué

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Bruges, 1441. Arborant un air mystérieux, l’index posé sur les lèvres, Jan Van Eyck avait chuchoté :  » Petit, il faut savoir se taire, surtout si l’on sait… « . Qui pouvait se douter alors que, derrière la recommandation du maître flamand, l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art, se cachait le Grand Secret ?

À travers les brumes de Flandre et la luminosité éclatante de la Toscane, un enfant de treize ans va se retrouver confronté à une effroyable conspiration. Un monde occulte, plein de ténèbres qu’il lui faudra affronter avec l’innocence pour toute arme. Pourquoi veut-on sa mort ? Que sait-il qu’il n’aurait jamais dû connaître ? Pour quelle raison des peintres de génie, des apprentis, des orfèvres, des penseurs, des architectes sont-ils la cible de meurtriers invisibles ? Quels sont les liens mystérieux qui les relient entre eux et les poussent insensiblement au bord de l’abîme ?

Autant de questions auxquelles l’enfant de Bruges devra s’efforcer de répondre s’il ne veut pas disparaître à son tour dans la nuit.

A travers le parcours de ce fils de Van Eyck, Gilbert Sinoué offre une belle fresque historique dans la Flandre du XVème Siècle. On y trouve tous les ingrédients du roman à suspense : conspirations, secrets, assassinats, menaces… Le tout dans une époque qui nous permet de côtoyer un grand peintre flamand dans son cadre de vie, et par là, de contempler son travail alors qu’il réalisait les oeuvres qui sont arrivées jusqu’à nous. On apprend ainsi la manière dont les peintres apprêtaient leurs couleurs en fonction de l’effet désiré, ce autour de quoi tourne l’intrigue du roman.

Comme dans la Jeune Fille à la Perle de Tracy Chevalier où on approche Vermeer, l’auteur nous offre ici la possibilité d’admirer un de ses grands prédécesseurs.

ENQUÊTE DANS LE BROUILLARD d’Élizabeth George

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Le sergent Barbara Havers est résolument laide et revêche et bien décidée à le rester. Elle adore son boulot mais l’idée de faire équipe avec l’inspecteur Lynley, un ancien d’Eton, pur produit de l’aristocratie britannique, lui est insupportable. Un type qui prétend travailler à Scotland Yard pour se rendre utile à la société, au lieu de vivre sur ses terres ! Mais les querelles de ce couple inattendu cessent vite devant l’atrocité d’un crime qu’ils sont chargés d’élucider.

Dans un paisible village de Yorkshire, on a trouvé le corps sans tête de William Teys, paroissien modèle. A côté du cadavre, une hache et une grosse fille qui gémit: « C’est moi qui ai fait ça et je ne le regrette pas. » L’épouvante ne fait que commencer.

C’est avec ce roman que je découvre Elizabeth George et ça tombe plutôt bien puisqu’il s’agit de son premier roman et qu’ainsi j’ai pu assister à la rencontre entre ses deux héros, flics assez atypiques de Scotland Yard. Autant vous dire que j’ai succombé. Pour les personnages principaux bien sûr, avec leurs réparties qui font mouche et leur propension à dissimuler aussi bien leurs blessures que leurs qualités. Une campagne anglaise plus vraie que nature. Tout y est : le brouillard sur la lande bien sûr, le manoir élisabéthain , le fantôme, et en prime quelques pointes d’humour savamment distillées. Avec des références à la littérature anglaise, à la musique classique, à la peinture, Elizabeth George élève le niveau mais c’est pour mieux nous faire retomber, quelques lignes plus loin, dans la fange humaine la plus sordide.

Autant vous dire que je ne vais pas en rester là et que je vais m’empresser de lire la suite des « aventures de Havers et Lynley ».

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VILLA TRISTE de Patrick Modiano

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Quand ils passaient la nuit à la Villa triste, Yvonne et Victor (enfin c’est l’identité qu’il avait choisi cet été-là) s’efforçaient de ne pas remuer du tout. Mais on sent bien que la sérénité n’était qu’un leurre. Des années après, le narrateur retourne dans la ville d’eaux et invoque, par intermittence, le souvenir nostalgique et lucide de sa relation avec Yvonne, des gens qui gravitaient autour d’eux. En particulier des extravagances de René Meinthe, fantôme qui nous guide dans les rues aujourd’hui endormies… Mais ce qui ressurgit avant tout, c’est l’angoisse inexplicable de Victor, qu’il avait espéré apaiser en séjournant dans cette station thermale reculée, à proximité de la Suisse.

Ce roman, je l’ai découvert grâce à une prof de français au lycée et est resté une de mes lecture favorite. Peut-être parce que l’auteur s’appuie sur une langue fluide parsemée de petites formules moqueuses pour donner un tour grave et malgré tout, léger à son roman. Grâce à cet équilibre habile, il esquisse les contours d’un homme en quête de repères pour supporter sa mémoire, tout comme il était, jeune, en quête d’immobilité et de racines. Et si les estivants de l’époque, ridicules et artificiels, ne sont pas tout à fait détestables, peut-être est-ce parce que le mystère qui plane donne un caractère intangible à cet été lointain. L’adaptation au cinéma de ce roman par Patrice Leconte m’avait replongé avec nostalgie et délice dans cette atmosphère…